Résumé:
1978 Prix Médicis Le roman retrace la vie d'un immeuble situé au
numéro 11 de la rue (imaginaire) Simon-Crubellier, dans le
17e arrondissement de Paris, entre 1875 et 1975. Elle
évoque ses habitants, les objets qui y reposent et les
histoires qui directement ou indirectement l'ont
animé. Comme dans le tableau idéal de Valène, le
professeur de peinture de l'immeuble, le lecteur découvre
« une longue cohorte de personnages, avec leur histoire,
leur passé, leurs légendes », comédie
humaine où les destins entrecroisés se
répondent, à l'image de la curieuse création de
l'ébéniste Grifalconi, « fantastique
arborescence », « réseau impalpable de galeries
pulvérulentes ». Gravures populaires, tableaux de maître, affiches
publicitaires offrent l'occasion d'autant de digressions et de
récits : faits divers, rigoureuse description
scientifique, recette de cuisine, listes en tout genre. De cette tentative d'inventaire et d'épuisement d'une
portion de réel, surgissent des figures propres à
l'imaginaire perecquien : escrocs et faussaires, aventuriers,
savants faustiens, génies méconnus ou incompris,
invalides et miraculés, milliardaires ruinés,
inventeurs, négociants, humbles domestiques anonymes. L'intrigue proprement dit débouche sur une
tragédie et la mort des protagonistes principaux. Le sigle W détermine la tragédie et le climax de
l'intrigue, faisant apparemment référence à
l'île W dans un autre roman de Perec. 3 . Enfin le W fait aussi référence au troisième
personnage symbolique de l'oeuvre, Gaspard Winckler qui a
accompagné Bartlebooth dans sa quête et
l'auto-destruction programmée de ses oeuvres, cette
dernière étant elle aussi une illusion ainsi que le
montre le dernier chapitre du roman: "C'est le vingt-trois juin
mille neuf-cent-soixante-quinze et il va être huit heures
du soir. Assis devant son puzzle, Bartlebooth vient de mourir.
Sur le drap de la table, quelque part dans le ciel
crépusculaire du quatre cent trente-neuvième puzzle,
le trou noir de la seule pièce non encore posée
dessine la silhouette presque parfaite d'un X. Mais la
pièce que le mort tient entre ses doigts a la forme,
depuis longtemps prévisible dans son ironie même,
d'un W. (Wikipedia) La Vie mode d'emploi est un livre extraordinaire, d'une
importance capitale non seulement dans la création de
l'auteur, mais dans notre littérature, par son ampleur,
son organisation, la richesse de ses informations, la
cocasserie de ses inventions, par l'ironie qui le travaille de
bout en bout sans en chasser la tendresse, par sa forme d'art
enfin : un réalisme baroque qui confine au burlesque.
(Jacqueline Piatier, Le Monde) L'ironie, très douce,
imperceptible, fantomatique, moirée, faite d'un
détachement extrême, d'une méticulosité et
d'une patience qui deviennent de l'amour... En
résumé, c'est un prodigieux livre-brocante, qu'on
visite sans se presser, à la fois livre fourre-tout, livre
promenade. (Jacques©Pierre Amette, Le Point) Et cela donne
des romans exotiques, extravagants, des crimes parfaits, des
fables érudites, des catalogues, des affaires de moeurs,
de sombres histoires de magie noire, des confidences de
coureurs cyclistes... Jeux de miroirs et tables gigognes,
entrez dans cet immeuble et vous ferez le tour du monde. Un
vertige majuscule. Quand on en sort, on est léger comme
une montgolfière. (Catherine David, Le Nouvel Observateur)
En quelques centaines de pages, fruits de neuf années de
travail, Perec opère le ratissage délibéré,
systématique, hallucinant du champ romanesque
contemporain. Son livre est, sans doute, à la
littérature ce que le Robert est à la lexicographie.
(Oatrick Thévenon, L'express)